L’abbaye cistercienne de Clairmarais, située dans le Pas-de-Calais, à proximité de la ville de Saint-Omer, est un témoin de l’histoire religieuse et architecturale de la France médiévale. Fondée au XIIe siècle, cette abbaye a joué un rôle central dans le développement économique, spirituel et culturel de la région. Son histoire est intimement liée à l’ordre cistercien, connu pour son austérité, son attachement à la règle de Saint Benoît (mais distinct de l’ordre bénédictin), et son influence sur l’aménagement des paysages ruraux. Cet article retrace l’histoire de l’abbaye de Clairmarais, de sa fondation à son déclin, en passant par son apogée et son influence durable sur la région.

La Fondation de l’Abbaye de Clairmarais : Un Projet Cistercien

À l’initiative de Foulques, abbé de l’abbaye des Gunes, il est envisagé vers 1128 de créer un établissement dépendant de l’ordre des Bénédictins, avant de finalement se tourner vers l’ordre cistercien. Bernard de Clairvaux, abbé de l’Abbaye de Clairvaux, décide alors de construire une nouvelle abbaye dans la forêt de Rihoult, au nord-est de Sithieu (aujourd’hui Saint-Omer). Il désigne Gonfroi (ou Gunfrid), venu de Clairvaux avec 12 autres moines, pour établir une maison cistercienne. Le 26 avril 1140, après avoir aménagé le terrain marécageux, ils posent les fondations d’une première maison et d’un oratoire, dédié à la Vierge Marie, situé un peu plus bas que l’emplacement actuel.

Le site est nommé Clarus Mariscus en référence au terrain environnant, et Gonfroi en devient le premier abbé.

L’établissement s’installe définitivement à Clairmarais, à l’emplacement connu aujourd’hui, en 1161. À ses débuts, les moines ne disposent que d’environ 20 hectares, dont près de la moitié est constituée de pâtures et de marais. Puis l’abbaye recevra de nombreux dons de terres, de rentes, et d’autres biens de la part des seigneurs et des puissants nobles des environs. Parmi ces dons, notons celui de Thierry d’Alsace, comte de Flandre, qui donna à l’abbaye en 1156 une partie de la forêt de Rihoult Clairmarais.

En 1176, Philippe d’Alsace, comte de Flandre et fils de Thierry d’Alsace, place l’abbaye sous sa protection et lui attribue environ 570 hectares, dont 130 de dunes à Loon-Plage. Appelées « Les censes de l’Enna », ces fermes seront à l’origine de nombreux procès pour l’abbaye en raison des dommages causés par une prolifération de lapins dans les environs. En 1720, la rupture des digues provoquera un conflit entre le magistrat de Bourbourg et les abbés successifs, chaque partie se renvoyant la responsabilité des dégâts et des réparations nécessaires.

L’abbaye de Clairmarais : du Moyen Age à la Révolution

Au fil des siècles, l’abbaye connaît une prospérité croissante et accumule de nombreuses richesses. Elle se dote d’une église équipée d’un carillon de 19 cloches, de verrières, de sculptures, de tableaux, et de plusieurs chapelles. Les largesses des donateurs lui permettent également de disposer de nombreuses dépendances telles que des fours, une boulangerie, une boucherie, et une brasserie. En outre, l’abbaye acquiert des terres dans plusieurs villages environnants, renforçant ainsi son influence et son patrimoine.

À son apogée, l’abbaye héberge environ 100 religieux et 200 frères convers. Cependant, après 600 ans d’histoire et sous la direction de 59 abbés, l’abbaye est dissoute en 1791. Lors de sa fermeture imposée le 29 août 1791, elle ne compte plus que 23 moines. Les possessions de l’abbaye, y compris les dunes de Loon-Plage, sont alors vendues comme biens nationaux.

L’abbaye servira de hangar de stockage avant d’être achetée par un particulier souhaitant exploiter son salpètre. Elle sera enfin démantelée et ses bières revendues. Il en subsiste que des ruines. Seule la ferme cistercienne du XVIIème siècle a été préservée.

L’abbaye aujourd’hui

De nos jours, les ruines, protégées au titre des monuments historiques, s’élèvent au milieu des patures longeant la route d’Arques.

La ferme cistercienne abrite quant à elle:

  • Des salles de réception
  • Les belles échappées, société de location de véhicules vintage
  • Et notre fameuse brasserie de l’abbaye de Clairmarais faisant revivre la tradition!

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